Le 19 novembre 2019, à Stains, en Seine-Saint-Denis, Patrick Pouyanné posait la première pierre de L’Industreet. Ce campus novateur, dédié aux métiers de l’industrie, doit permettre chaque année à 400 jeunes – diplômés ou pas, franciliens ou pas, filles ou garçons – de se former gratuitement, d’accéder à l’emploi et à des métiers industriels innovants dans un secteur qui recrute. Un projet que le président-directeur général de Total appelait de ses vœux, financé à 100 % par la Fondation d’entreprise Total et mené tambour battant pour accueillir ses premier(e)s apprenant(e)s à peine un an plus tard.
 

Une initiative née d’une indignation
« C'est un véritable gâchis collectif, c’est intolérable », s’indigne Patrick Pouyanné quand il entend que plus de 100 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification et 20 % des moins de 25 ans sont sans emploi, alors qu’il y a dans l’industrie 200 000 postes à pourvoir.

Dès 2018, Total - déjà engagé pour la formation et l’insertion des jeunes par son programme Total Foundation - souhaite apporter une réponse concrète et novatrice au chômage des jeunes et à leur orientation. « Une entreprise qui gagne de l’argent a des responsabilités vis-à-vis de la société, », assure Patrick Pouyanné qui décide alors que le Groupe mettra sa notoriété, sa connaissance du monde industriel et ses liens avec la société civile au service de cet enjeu majeur. C’est sur cette base qu’un projet d’intérêt général émerge, porté par des convictions fortes : favoriser l’accès à l’emploi pour les jeunes en difficulté, redorer le blason des métiers industriels, répondre aux besoins en compétences de l’industrie, favoriser la féminisation de ces métiers.

Un projet ambitieux à inventer
Dès lors, le projet L’Industreet est lancé sous la direction d’Abdul Malik. Premiers objectifs : la recherche d’un lieu où implanter le campus et la constitution du noyau de l’équipe. Total intègre des expertises nouvelles en faisant appel notamment à Olivier Riboud, ancien responsable des centres de formation chez Veolia, chargé de mettre en place une pédagogie alternative. Forte de son expérience auprès des collectivités et des associations, Safia Tami rejoint également l’équipe et lance un tour de FrancePays FranceShow more en régions au cours duquel près de 250 acteurs de l’insertion sont invités à participer à des ateliers permettant à la fois de présenter et de peaufiner le projet.

L’Industreet se dessine
Le campus est un centre d’apprentissage d’un genre nouveau, gratuit et ouvert à tous, reposant sur une promesse : 1 jeune = 1 emploi. Les jeunes sortis du système éducatif et en recherche d’orientation peuvent y suivre une formation de 12 à 18 mois, acquérir un certificat professionnel reconnu par l’État dans 5 filières en tension (ligne de production automatisée, inspection et contrôle non destructif, terminaux de distribution d’énergie, numérisation des installations industrielles, entretien multiservice robots-assistés). Aucun diplôme ni profil type ne sont requis. Et à ceux qui pensent encore que les métiers de l’industrie sont exclusivement masculins, L’Industreet entend bien montrer le contraire, son objectif étant de recruter autant de filles que de garçons.
 

Une pédagogie innovante, basée sur le faire pour apprendre, est mise en place. L’Industreet favorise un enseignement à la fois théorique, technique et immersif. L’apprentissage par projets implique l’apprenant(e), en interaction avec ses pairs, dans la construction de ses savoirs. Chaque jeune peut intégrer le campus à tout moment de l’année et bénéficie d’un parcours personnalisé en fonction de ses besoins, de ses aspirations et de son évolution. L’Industreet propose une pédagogie globale fondée sur la maîtrise du geste technique mais aussi des compétences comportementales, sociétales et citoyennes via des activités sportives et culturelles.

Bâtir un lieu de vie
Avec ses 11 000 m2 dédiés à l’apprentissage, le campus est conçu comme un véritable lieu de vie : espace de co-working, espaces dédiés aux cours pratiques, ateliers, solutions d’hébergement.  
Après avoir visité une quarantaine de sites, l’équipe projet recommande d’implanter L’Industreet à Stains, en Seine-Saint-Denis, au sein d’une friche de 3,5 ha en pleine renaissance. Quelques atouts font la force de cet emplacement : son accessibilité en transports en commun avec le tram T11 à proximité immédiate du site, son originalité historique et architecturale, son potentiel en termes d’infrastructures. L’emplacement au cœur du projet Urban Valley, dans un département particulièrement impacté par le chômage des jeunes, est très porteur de sens.

Le bail est signé au printemps 2019 et le chantier démarre à l’été. On veut aller vite et faire bien. La Fondation Total, Total et particulièrement sa Direction Immobilier et Services généraux, le promoteur immobilier Atland, les architectes Ateliers WOA et Aybrey-Guiguet Studios travaillent en synergie pour avancer et tenir les délais malgré la crise sanitaire. D’emblée, L’Industreet se place ainsi sous le signe d’un travail collectif, d’une aventure humaine.

Le projet architectural se précise : 3 ateliers de 1000 m², 400 m² dédiés à la digitalisation, une aire extérieure de 1000 m², une résidence étudiante, un restaurant, des coursives à ciel ouvert et une immense verrière pour la lumière. « On a utilisé un triptyque de trois matériaux : le béton, le bois et le métal qui dialoguent ensemble. Nous avons laissé tous les éléments de structure apparents pour rendre visible le travail de tous les corps de métier », raconte Julien Dechanet, architecte pour l’agence WOA. Cerise sur le gâteau : le projet est conçu avec une empreinte carbone basse et il est certifié BREEAM* niveau Good.

*méthode d’évaluation de la performance environnementale des bâtiments
 

Sensibiliser et recruter les jeunes
Pendant que les travaux battent leur plein, L’Industreet s’affiche : dans la presse et sur internet afin de pouvoir informer un maximum de jeunes et les convaincre de tenter l’aventure. La communication, mise en place par la Direction de la Communication de Total et l’agence BETC, s’inspire des codes des jeunes et utilise largement les réseaux sociaux pour les toucher.
Des échanges permanents sont organisés avec Pôle emploi et les Missions locales qui se font le relais du projet. De juillet à octobre 2020, le Bus de l’Initiative sillonne l’agglomération parisienne pour faire connaître L’Industreet dans les quartiers prioritaires. L’opération est menée en partenariat avec les mairies, les acteurs de l’insertion professionnelle, des services de l’Éducation Nationale, des associations œuvrant auprès des jeunes et des salariés Total engagés dans le cadre du programme Action !
 
Un travail de sensibilisation et de communication indispensable pour que les jeunes s’inscrivent et suivent les différentes phases d’une sélection rigoureuse afin de juger de leur motivation, de leurs capacités d’interaction et de leur intérêt pour les filières industrielles. Le test en ligne sur le site https://lindustreet.fr/ est disponible en permanence, et chaque mois, les jeunes qui se démarquent sont invités à une journée « Découverte & Tests d’affinité » permettant de rencontrer l’équipe pédagogique. Pour celles et ceux qui passent avec succès ces différentes étapes, un entretien individuel est le dernier passage obligé avant d’intégrer L’Industreet.

En novembre 2020, 13 premier(e)s apprenant(e)s ont fait leur rentrée, hors les murs, à Stains, en attendant la finalisation des travaux et l’ouverture du campus début 2021. Ce sont les pionniers et pionnières de l’Industreet. Ils(elles) seront bientôt rejoint(e)s par les nouveaux(elles) apprenant(e)s qui viendront grossir les rangs chaque mois.