L’OPA de Total : l’électrochoc qui a débloqué la situation de grève chez Elf

Publié le 07 mars 2019, modifié le 25 mars 2019
3 questions… sur la fusion TOTALFINA et ELF…
Quelle a été votre réaction première à l’annonce du projet ?
Au moment de la fusion, Elf traversait une période de grèves suite à la mise en place par Philippe Jaffré d’un plan de performance. Au milieu de la tourmente, l’annonce de l’OPA a fait l’effet d’un coup de tonnerre ! En tant que responsable de la gestion des expatriations chez Elf, j’ai été très rapidement contacté par des directeurs et DRH de filiales dans le monde entier, car ils étaient inquiets. Ce fut un choc, mais on était tellement embourbé dans la grève chez Elf qu’on se disait que ça pourrait, d’une manière ou d’une autre, débloquer la situation…
Comment avez-vous vécu la fusion au quotidien ?
Passé la bataille boursière de l’été avec la contre-attaque de Elf, on se retrouvait du côté des perdants, d’où une certaine inquiétude, surtout chez ceux qui exerçaient des fonctions supports comme les ressources humaines… ce qui était mon cas ! Mais très rapidement, j’ai été impliqué dans des groupes de travail Total-Elf visant à comprendre la culture de l’autre et à voir comment rapprocher au mieux des politiques RH assez différentes : Elf, très marquée par son origine de société nationale, avait une progression de carrière très linéaire, tandis que Total était dans une logique d’entreprise, avec une dynamique de progression des rémunérations nettement plus différenciée. Un autre exemple en matière d’expatriation : dans le calcul des indemnités d’expatriation vers des pays au coût de la vie très élevé, le seul critère retenu chez Elf était le nombre de membres de la famille, et pas du tout le niveau de salaire du collaborateur expatrié. Chez Total, c’était le contraire ! Afin d’harmoniser les pratiques, nous avons mis en place un mix des deux critères. Il en a été de même pour beaucoup de sujets. À ce propos, je tiens à souligner que, sous l’impulsion de Thierry Desmarest, tous les engagements pris dans la logique d’une fusion entre égaux ont été tenus. Il s’est montré inflexible sur ce point, qui s’est révélé un facteur clé de réussite.
Quel est le souvenir le plus marquant que vous conservez de cette période ?
Ah… J’en ai plusieurs à vrai dire, nous avons progressivement découvert l’ampleur et la diversité de notre nouveau Groupe ! La première Sainte Barbe par exemple, en présence de nombreux couples binationaux, de nombreux expatriés ayant fondé foyer dans leur pays d’accueil ! On pouvait facilement identifier leur société d’origine, les couples franco-africains venant généralement de Elf et les couples franco-asiatiques de Total. Un autre souvenir fort remonte au jour où nous avons mis des petits drapeaux sur un planisphère pour marquer nos implantations dans le monde. C’est là où nous avons pris la dimension du nouvel ensemble… et nous avons vu qu’on jouait vraiment dans la cour des grands ! Allez, une dernière anecdote : un ingénieur de chez Elf qui possédait un excellent coup de crayon publiait au quotidien des « crobards » illustrant avec humour l’état d’esprit des équipes. Sa machine transformant les « bleus » en « violets » au grand désespoir des anciens de Total qui ne retrouvaient pas le « rouge d’origine » avait connu un grand succès, d’ailleurs repris par Christophe de Margerie lors de l’une de ses premières interventions à Pau !
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