Le démontage des lettres E L F : Un moment très symbolique qui a marqué la fin d’une époque

3 questions… sur la fusion TOTALFINA ELF…

Comment avez-vous appris la fusion ?

Je travaillais chez Elf, dans l’entité Stratégie du Marketing FrancePays FranceShow more, quand mes collègues et moi-même avons reçu un message sur nos téléphones, au beau milieu d’une réunion de direction. Inutile de dire que celle-ci a pris une autre tournure, chacun y est allant de son petit commentaire ! La suite de cette réunion a été intéressante : tous ceux qui avaient moins de 40 ans trouvaient que c’était une bonne nouvelle, les autres étant plus réservés. Pour ma part, je me suis dit que je travaillerais a priori plus longtemps dans le nouvel ensemble que dans ma société d’origine et que je devrais y trouver plus d’opportunités. Quoi qu’il en soit, c'est un moment que je ne suis pas près d’oublier !

Quel changement de culture et de pratiques impliquait-elle pour vous ?

Dans les premiers temps, la fusion n’a pas vraiment changé grand-chose à notre vie quotidienne, car on poursuivait notre travail en parallèle, au sein de Elf, comme de Total… business as usual, je dirais. Dans mon activité, Elf et le « petit Total » travaillaient déjà ensemble sur des sujets communs, comme les échanges de produits en FrancePays FranceShow more et en Europe. Notre groupe de travail s’appelait « E.T. », pour « Elf-Total ».

En fait, on a senti l’impact de la fusion quand est arrivé le grand jour du déménagement. Il a fallu s’adapter à de nouveaux locaux, à un nouveau patron, etc. C’était d’ailleurs le cas de tout le monde, même pour les anciens de Total, donc on ne se sentait pas seul ! Ce sont des moments assez amusants à vivre, rétrospectivement.

Autant l’intégration avec mes nouveaux collègues a été simple à gérer, autant la compréhension d’une organisation et d’un fonctionnement nouveaux s’est révélée plus ardue. Et puis il a fallu faire le deuil de l’ancienne organisation, de l’abandon de projets en cours… mais on a vite embrayé sur de nouvelles idées pour mettre en place la stratégie du nouveau groupe, c’était motivant.

Avec le recul, je me dis que, même si Elf et Total étaient deux sociétés françaises, elles avaient des cultures un peu différentes – Elf me semblait plus business-oriented, Total plus technique-ingénieur, Elf avait une organisation plus informelle et en réseau, Total plus encadrée, formalisée – on a su rapidement converger vers un modèle qui a su conserver les points forts des deux compagnies… Sinon on n’aurait jamais pu obtenir les résultats qu’on a faits les années suivantes ! Mais tout cela parait bien désuet aujourd’hui et ces questions d’origine sont loin derrière nous. D’ailleurs, elles sont totalement incongrues pour les embauchés post 2000 qui n’ont connu que Total, après les fusions avec Fina et Elf.

Quel est le souvenir le plus marquant que vous conservez de cette période ?

En fait, il me revient plusieurs anecdotes… Ainsi, au moment de la fusion, on avait rebaptisé le parvis de La Défense « le rail d’Ouessant », car il y avait, entre Michelet et Coupole, deux itinéraires qui permettaient à ceux de Elf et de Total en charge de préparer discrètement les réunions d’intégration d’éviter de se croiser en public ! Un moment très symbolique et qui a marqué la fin d’une époque aura été le démontage des lettres « E.L.F. » sur la tour Coupole. On y a assisté, un peu par hasard, depuis le parvis et on a tous ressenti un petit pincement au cœur – la fin d’une époque. Je me rappelle aussi de la première réunion d’intégration des équipes d’Elf et de Total : le côté solennel du premier tour de table de ma nouvelle entité où il fallait se présenter était assez marquant…! Un autre souvenir important restera pour moi le premier dossier présenté en comité de direction dans le cadre de l’entité fusionnée.