La fusion m'a donné l'opportunité d'évoluer vers de nouveaux horizons

3 questions… sur la fusion TOTALFINA ELF…

Quelle a été votre réaction première à l’annonce du projet de fusion Totalfina et Elf ?

Ce 5 juillet 1999 au matin, j’étais en congés et j’écoutais FrancePays FranceShow more Info. Il était entre 08 et 09 heures quand j’ai entendu l’annonce de l’offre publique d’échange entre Elf et Total. Je m’en souviendrai toute ma vie ! J’en ai aussitôt parlé à mon épouse et j’ai attrapé mon téléphone pour joindre ma hiérarchie à Paris. Mon chef, qui n’était pas en congés, n’était pas encore au courant, comme tous ceux qui étaient dans les transports à cette heure-là.
À l’époque, nous n’avions pas Internet sur les mobiles. Il est resté incrédule, il pensait que je le faisais marcher !
Il en a parlé au N+2, qui n’était pas au courant non plus… et ainsi de suite jusqu’à la diffusion de communiqués par le siège en milieu de matinée. Mais vraiment, cette fusion apprise par hasard à la radio était une surprise incroyable, car la rivalité entre TotalFina et Elf était très importante, la concurrence très vive sur le terrain.

Comment avez-vous vécu la fusion au quotidien ?

À ce moment-là, je travaillais chez Elf comme délégué bitume et Styrelf. Venant du siège, j’avais été muté en août 1998 à la direction régionale de Saint-Herblain, près de Nantes, et j’avais en charge une zone assez vaste s’étendant de l’Ouest à Midi-Pyrénées. Je me rappelle bien du feuilleton estival à rebondissements, avec la contre-proposition de Elf et, mi-septembre, l’acceptation de l’offre de Total. Il a fallu attendre encore un peu le feu vert des autorités de régulation de la concurrence pour définir les postes et commencer le travail en commun.

Sans la fusion, je pense que je n’aurais probablement pas pu accéder aussi rapidement à des postes aussi intéressants, d’abord dans les paraffines et cires, un métier qui n’existait pas chez Elf. J’ai débarqué en 2001 dans cette activité tout à fait nouvelle pour moi qui était une immersion dans un environnement 100% Total. Il fallait maîtriser de nouveaux outils informatiques, de nouveaux procédés de fabrication, de nouvelles gammes de produits Total et de nouvelles applications clients. Ainsi avec la fusion, des opportunités de carrière se sont offertes et j’ai changé plusieurs fois de fonctions sur une période courte… Un vrai défi, mais un parcours passionnant, même s’il s’est traduit par une mobilité géographique un peu éprouvante pour ma femme et mes quatre enfants, en raison de quatre déménagements en trois ans !

Quel changement de culture et de pratiques impliquait-elle pour vous ?

Je me suis attaché à apprendre les méthodes et pratiques de Total, un concurrent qu’on avait l’habitude de suivre de manière régulière. Au sein du nouveau Total-Fina-Elf, le jeu consistait à ce qu’on ne parvienne pas à déterminer ma société d’origine, ce qui supposait d’en savoir autant sur Total que les gens d’origine Total eux-mêmes. J’y arrivais assez bien je crois ! Les cultures étaient somme toute assez proches, en dépit de quelques différences en matière d’approche client, de service ou de relations interpersonnelles. Ainsi, j’avais remarqué qu’on tutoyait assez peu chez Elf, à la différence de chez Total. Ayant moi-même gardé l’habitude du vouvoiement, j’ai encore aujourd’hui un peu de mal à dire « tu » à mes anciens patrons d’avant la fusion !  

Avec le recul, je pense que cette fusion était ce qui pouvait arriver de meilleur pour nos sociétés d’origine. Elle s’est effectuée assez rapidement, de manière efficace, optimale, ce qui a été souligné à l’extérieur par les milieux financiers, parce qu’on a eu la sagesse, le plus souvent, de garder le meilleur de ce qui se faisait dans chacune de nos trois sociétés.