Fiers d’appartenir à l’usine de Lacq !
Publié le 13 juin 2018, modifié le 14 juin 2018
Originaire de l’Aveyron, je suis diplômé d’un IUT génie chimique à Toulouse. En 1982, lors d’une fête de village, j’ai rencontré un de mes anciens professeurs de l’IUT qui m’a signalé que l’usine de Lacq embauchait. Partenaire de l’usine de Lacq, L’IUT de Toulouse proposait des formations en interne pour les opérateurs.
Je suis donc arrivé à Lacq en novembre 1982 en poste à l’entité Thiochimie. La Thiochimie est la chimie du soufre, développée à partir de 1959 sur le site de Lacq grâce à la forte présence de cet élément dans le gaz extrait du gisement.
Dès notre arrivé, on nous a signalé que le gisement s'épuisait et que nous allions rester seulement dix ans sur le site.
Nous devions accepter la contrainte et nous savions que nous allions être amenés à changer de poste dans le Groupe, en expatriation ou sur d’autres sites. Dès le début nous avons eu une volonté forte de continuer à développer ce site. Tout le monde a toujours joué le jeu. Tout s’est transmis de génération en génération car il y avait de nombreux salariés fils d’agent. Leurs parents étaient arrivés dans les années 60, rapatriés d'Afrique du nord ou issus de fermeture de sites de raffinerie historiques de la méditerranée mais aussi beaucoup de Béarnais bien sur.
Au sein des équipes "postés" de Lacq, nous nous sentions proches les uns des autres, comme une famille. Nous étions aussi un peu déconnectés de l’environnement extérieur de l’usine.
En journée nous planifiâmes des travaux, de la production et nous mettions en place des normes.
J’ai eu la chance de rester près de 36 ans sur le site de Lacq et d’évoluer socialement mais aussi intellectuellement et professionnellement. Tous les métiers y sont représentés. En 1982, nous étions environ 2200 personnes. La gestion humaine était au plus près de la base, gérée par le site.
Des entretiens réguliers étaient organisés avec ce qu’on appelle aujourd’hui des gestionnaires de carrière mais qui jadis étaient les chefs du personnel.
Aujourd’hui je vois encore régulièrement des anciens de l’usine avec qui je suis resté en contact depuis mon arrivée. Nous organisons régulièrement des repas sur la région. Nous avons vécu des moments forts, des bons comme des mauvais. Nous avons tout traversé ensemble. Notre force, c’est la communication, nous nous entraidions énormément.
Le premier jour de travail, tout est flou, tout le monde s’interroge sur son avenir. Mais quand nous quittons l’usine, nous avons tous la larme à l’œil. De plus, nous sommes réellement identifiés en tant que salariés de Lacq, nous sommes fiers d’appartenir à l’usine ! Auparavant, Lacq était un gros centre de formation pour tout manager y compris pour les DG. Pourquoi ? Car nous avions des transmissions orales, de fortes relations humaines, ce qui a sûrement maintenu une certaine convivialité et une belle mentalité d’esprit sur la globalité du site.
Nous organisions régulièrement des repas entre équipe dans la salle de contrôle. Plusieurs fois par an, chaque entité organisait un repas de service avec notamment la Sainte Barbe le 4 décembre. Ces festivités duraient jusqu’au petit matin ! Aujourd’hui, même si nous ne célébrons plus la Sainte Barbe, nous continuons à organiser des repas avec les anciens, après un bon match de rugby par exemple.
Pendant les dernières années d’exploitation, j’étais adjoint responsable d’exploitation avec en particulier la gestion finale de l'arrêt de la production Pour nous accompagner dans ce projet, nous avons accueillis des nouvelles recrues et des intérimaires, en mettant en place un management participatif avec une ligne de conduite suivie par tout le monde.
Jusqu’au dernier moment, les futurs "dispensés d'activité" ont travaillé jusqu’à la dernière heure comme s’ils revenaient le lendemain tout comme les futurs expatriés. Tout le monde est allé jusqu’au bout et en a été fier ! C’est cet état d’esprit qui ne peut se transmettre qu’oralement.
Aujourd’hui les 40 jeunes partis en 2013 demandent des nouvelles du démantèlement du site de Lacq. Je dois avouer que c’est un peu difficile émotionnellement puisqu’on démolit toutes les installations.
Dès que l'on a fait un brin de chemin sur Lacq on s'en souvient ! Sur cette plateforme, l’humain est très présent.
Je compte personnellement deux moments forts de l’usine. Le premier a été la création de l'établissement actuel Arkema issu de l'ex thiochimie.
Le deuxième fut la période d'arrêt définitif de la production en octobre 2013 .Quelles que soient les générations, nous avons tous été dans le même sens, sans encombre, ce qui nous a permis d’amener l’usine vieillissante vers la fin de l’exploitation du gisement et la transition avec les autres sociétés.
Nous avons eu l’entière confiance du management. Le DG et les RH nous ont laissé la gestion de l’arrêt de l’usine et nous avons pu le faire en toute sécurité.
Mon conseil pour les jeunes ? Écoutez, avant tout. Écoutez, observez et appropriez-vous l’environnement progressivement puis mettez en application sur le terrain.
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