Dans les cuisines du Château de Mont
Publié le 05 juin 2018
J’ai été embauché chez Elf un peu par hasard. Après avoir envoyé mon cv une dizaine de fois, je n’ai jamais eu de réponses. Un jour, un client avec lequel je travaillais, m’a contacté pour me présenter directement au manager du Château. J’ai été embauché en tant que cuisinier. J’avais 22 ans à l’époque et déjà 5 ans d’expérience dans l’hôtellerie et la Marine Nationale. Etre un ancien marin m’a plutôt aidé. J’avais également déjà travaillé dans plusieurs restaurants.
Au sein de notre équipe nous n’étions pas nombreux mais il y avait une bonne ambiance. Nous sommes passés de 12 personnes en 1983, à 5 personnes en 1999.
Les horaires du Château n’étaient pas fixes : le matin nous prenions le service à 8h30 et en cas de forte affluence le midi, nous finissions vers 14h. Nous reprenions à 18h jusqu’à 22h-23h, ou des fois même jusqu’à 00h-01h du matin. Et puis, certaines fois il n’y avait personne pendant plusieurs jours, aucune journée ne se ressemblait ! Avant d’entrer chez Elf Aquitaine, dans la restauration, je faisais en moyenne entre 10h et 15h par jour.
C’était très agréable de travailler au Château, j’ai eu la chance de préparer des déjeuners et des diners pour de nombreuses personnalités telles que François Mitterrand. Il y avait également beaucoup de repas d’affaires. Nous recevions des ministres, des grands directeurs de sites (Congo, AngolaTotal AngolaShow more, ArgentineTotal en ArgentineShow more, Emirats). Nous avons également reçu des hauts fonctionnaires japonais qui y ont séjourné et qui logeaient dans les 5 chambres mises à leur disposition.
Monsieur Ruhlmann avait aussi ses habitudes au Château. Moi je n’y résidais pas. Seule Madame Beaumont, la chef de service y était logée. Lorsque toutes les chambres étaient occupées par des clients, un des serveurs dormait sur place afin de veiller à ce que tout soit bien prêt pour le lendemain matin. Disponibilité et bienveillance étaient les règles d’or !
Par ailleurs, être cuisinier au Château m’a permis d’évoluer de manière considérable dans mon domaine d’activité. J'ai eu la chance de pouvoir effectuer des stages dans de grandes maisons comme Lenôtre, à Paris.
Travailler au Château m’a également permis de m’épanouir et d’acquérir un savoir-faire. En tant que cuisinier, il faut être motivé et avoir de la rigueur, que j’ai personnellement acquis grâce aux trois années passées dans la Marine Nationale. Je travaillais dans de très bonnes conditions puisque j’avais accès à des aliments de haute qualité, des matières nobles, comme dans les grands restaurants : truffe, caviar…j’avais la liberté de tester de nombreuses recettes. Je dois dire que je suis un peu nostalgique de cette époque !
Nos clients étaient satisfaits de notre travail et du service. Quelques années après, j’ai participé à un tournoi de foot à Liverpool où j’ai rencontré des collaborateurs qui m’ont confié leur déception après la vente du Château juste avant la fusion. Il était très connu et apprécié au sein du Groupe.
J’ai gardé de nombreux contacts, notamment avec mon chef, Jean-François Letargua. A mon arrivée, il y exerçait depuis déjà six mois et nous avons fait un bout de chemin ensemble. Aujourd’hui encore, on se voit de temps en temps. Je garde de très bons souvenirs avec lui, il m’a beaucoup appris.
Je suis resté au Château de Mont de 1983 à 1998, puis, suite à la vente du château par Elf, je suis arrivé sur le CSTJF où j’ai changé de métier. Après le Château, je suis devenu magasinier, puis j’ai travaillé à la logistique. Je suis aujourd’hui contrôleur de gestion.
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