CRP, CRL, GRL, PRDML, PERL… une histoire de recherche, à Lacq
Publié le 05 décembre 2018, modifié le 23 juin 2020
Maurice Bourrel : « Lacq, un centre de recherche insubmersible »
Après une thèse dans l’équipe de Claude Chambu au centre de recherche de la Société Nationale des Pétroles d’Aquitaine (SNPA) à Pau sur les propriétés rhéologiques du polyéthylène, j’ai été embauché dans la même équipe en 1974 pour travailler sur l'amélioration de la récupération du pétrole, une préoccupation née du premier choc pétrolier. Au début, nous étions basés à Pau, dans l’attente d’un rattachement et déménagement au CRL, centre de recherche de Lacq. Lorsque j’évoquais Lacq et mon nouveau poste, invariablement, autour de moi la question fusait : « vous allez à Lacq ? Mais Lacq, ça va fermer ! ». Mais mon vrai motif d’inquiétude concernait le sujet de recherche qui m'était confié : développer la compréhension de ces mélanges eau-huile-tensioactifs destinés à améliorer la récupération du pétrole, appelés microémulsions, alors un mystère pour la communauté scientifique.
Claude Chambu : « une recherche corporate »
Pour ma part, j’ai été recruté en 1965 à Pau pour travailler sur la séparation des isotopes de l’uranium. Un sujet qui a fait long feu ! A l'occasion de ce rattachement en 1974 au CRL en tant que physico-chimistes, le Département de Chimie-Physique bénéficie du soutien de la Direction Recherche Développement Innovation (DRDl) du Groupe qui promeut la transversalité. Il peut alors aussi proposer ses compétences à l’ensemble des branches du Groupe : développement d’un Système d’Analyses Médicales automatisé et recherches en biotechnologies pour Sanofi, émulsions de bitume pour la route pour le Raffinage, applications des microémulsions à la récupération du pétrole pour l’EP…
Nouvelle étape en 1983, le groupe acquiert les activités chimiques de Total et de Pechiney Ugine Kuhlmann. ATO devient Atochem, première entreprise chimique française et « m’invite » en 1985 à diriger un centre de recherche ex Kuhlmann à Paris ; je retrouverai ce bel outil de recherche à Lacq en 1991.
Le groupement de recherches de Lacq (GRL)
En 1986, le CRL quitte la branche EP (SNEA(P)) pour être fonctionnellement rattaché à la DRDI. Il devient Groupement de Recherche de Lacq (GRL), groupement d’intérêt économique entre Société Nationale Elf-Aquitaine et Atochem. Les agents changent de statut et prennent celui de la chimie. L’inquiétude revient : chaque branche disposant déjà de plusieurs centres de recherche, l'avenir du GRL s'assombrissait fortement aux yeux de beaucoup ! Certains choisissent de rester SNEA(P) et rejoignent le CSTJF à Pau. De jeunes chercheurs les remplacent, apportant leur énergie et modifiant de façon significative la pyramide des âges.
2000-2018, la vie n’est toujours pas un long fleuve tranquille… Et pourtant !
En 2000, fusion Total-Elf Aquitaine, les financements « corporate » disparaissent, et avec eux les projets de recherche transverses. Le GRL intègre Atochem qui devient Atofina, les travaux qu’il mène sur les polyoléfines ne tardent pas à être transférés au centre de Feluy spécialisé dans les polymères. À nouveau, les chercheurs se sentent sur le fil du rasoir... En 2004, le Groupe se sépare d’une partie de sa chimie et crée Arkema. Le GRL est coupé en deux : une partie Arkema et une partie Total Petrochemicals FrancePays FranceShow more, qui prend le nom de Pôle de Recherche et Développement Mont- Lacq (PRDML). Angoisse du personnel : de quel côté vaut-il mieux être ? Le PRDML se recentre et développe des projets avec l’Exploration-Production : flow assurance, gaz acides, traitement des sols pollués...
2009, nouveau coup au moral, le laboratoire de Mont est fermé après le départ du polystyrène en Belgique. Le PRDML devient le PERL (Pôle d’Etudes et de Recherche de Lacq), qui reste cependant dans Total Petrochemicals FrancePays FranceShow more, au statut de la chimie. Il bénéficie d’une certaine autonomie qui lui permet de se développer et devenir pionnier dans certains domaines. En 2013, après la restructuration du raffinage et de la pétrochimie du groupe, le PERL est rattaché à la R&D de l’EP et à cette occasion retrouve le statut du pétrole ! Une nouvelle phase s’engage : création du laboratoire de Physico-chimie des Interfaces Complexes (PIC) commun à Total, au CNRS et à l'Université Paris-Sud, qui accueille des jeunes chercheurs doctorants et post-docs ; projet d’une plateforme pilote de Lacq pour héberger des infrastructures de R&D HSE… En 2016, l'opération « One Total » est lancée, avec la mise en place de programmes de recherche transverses dans lesquels le PERL trouvera, à n’en pas douter, une place de choix. Balbutiements de l'histoire…
En tout cas une très belle aventure qui se poursuit (et se poursuivra !) au Centre de Recherche de Lacq, certainement liée à la compétence de ses chercheurs, mais aussi à l’esprit de famille qui s’y est développé face aux inévitables soubresauts de la vie industrielle.
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