Chauffeur : mon tout premier voyage
Publié le 22 septembre 2017, modifié le 28 février 2020
Souvenir d’E. Dassetto paru dans la revue L'Etoile Bleue n°6 du printemps 1948.
Les hommes de bonne volonté de Savoie de l'époque faisaient des efforts méritoires pour que notre petite patrie devienne un paradis du tourisme et des sports d'hiver. Notre regretté représentant M. Bourgey, alpiniste accompli, était du nombre de ces pionniers. Grâce à ses efforts, les pompes à essence surmontées de l'Etoile bleue poussaient comme des champignons. Chambéry, Aix-les-Bains, Annecy, Albertville, et bien d'autres villes ou communes, étaient ravitaillées par notre Maison avec la célèbre marque "Automobiline". Mais il fallait aller toujours plus loin et surtout plus haut, où devaient s'installer nos stations hivernales. Bourg-St-Maurice, dans la vallée de la Tarentaise, au pied du Petit Saint-Bernard, à 110 km de Chambéry, venait d'être dotée de deux garages et de deux pompes D.F. A cette époque, le dépôt actuel de Chambéry n'existait pas, mais était géré par la société "L'Allobroge" dont le Directeur du Personnel était M. Roissard. Nous étions trois chauffeurs au Service Livraisons Carburant et, sans doute parce que je venais de faire la campagne du Riff je fus considéré comme le plus audacieux et désigné pour effectuer la première livraison d'un des nouveaux clients, M. Chevassu à Bourg St-Maurice. Nous ne possédions pas alors les véhicules actuels ; nos camions faisaient péniblement du 22 km/h au maximum, ce qui pour l'époque, était déjà beau ! Je conduisais le Delahaye N°102, à chaînes avec bagues en bronze sur les essieux en guise de roulements à billes, bandages à l'arrière, pneus à l'avant, phares à acétylène, lanterne à pétrole, et à l'arrière un feu rouge alimenté par une pile électrique. Sa contenance était de 4.601 litres.
Pour ce premier long voyage, voulant mettre tous les atouts dans mon jeu, je graissai mon camion de l'avant à l'arrière, réglai mes freins, etc … J'emportai 100 litres d'essence, 5 litres d'huile, 5 kg de graisse, 2 litres d'huile de ricin. Le lendemain, au départ, je trouvai notre représentant et le directeur du personnel de "L'Allobroge" auprès du véhicule, prêt à me donner les dernières consignes : "Surtout n'allez pas trop vite – Faites attention dans les virages – Soyez prudent dans les descentes – Enfin, téléphonez dès que vous serez arrivé"...
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